mardi 17 janvier 2012

Saint Etienne – Grève SNCF: un conflit qui use…

Feurs, Mardi, 7h00 du matin…
De justesse (comme souvent je l’avoue !) je prends mon train à Feurs pour me rendre au travail à Lyon Part Dieu, via la gare de Saint Etienne Chateaucreux.
Cela fait déjà plus de deux mois que je jongle avec les grilles horaires provisoires (un provisoire qui dure !), conflit opposant certains conducteurs de Saint Etienne avec leur direction oblige !
Avec des collègues rencontrés en gare stéphanoise pendant ma correspondance, nous nous amusons du message transmis par le haut parleur indiquant que « aujourd’hui, suite à un mouvement de personnel, etc etc … » …message qui amuse ou irrite selon car là aussi le « aujourd’hui » dure un peu… (Je suis sûr qu’ici certains qui  me lisent et qui vivent la même situation tous les jours souriront !)
Le train de 7h50 pour Lyon, déjà bien rempli dès Saint Etienne comme tous les jours – le suivant n’est qu’une heure après il ne faut donc pas le louper ! -  part et nous voila arrivés à Rive de Gier.

Rive de Gier, 8h15 du matin…
Le contrôleur nous annonce que le train restera à quai pendant une durée indéterminée du fait d’une manifestation sur les voies à Givors ! Nous apprenons peu après qu’il s’agit en fait cette fois de clients, mécontents de ne pouvoir monter dans le train qui nous précède car déjà bondé,  qui expriment leur désagrément !
Et oui, un trafic réduit sur cette ligne se sent immédiatement  et je suis témoin pour l’avoir vécu à de multiples reprises qu’il est difficile pour les clients en bout de ligne de monter dans le train et quand bien même il y arrivent ils finissent le trajet debout et entassés!
La situation m’agace mais comment ne pas comprendre ces voyageurs excédés qui paient pourtant leurs abonnements?
Nous allons ainsi rester près de deux heures attendant que la situation veuille bien trouver une issue…

Rive de Gier (toujours !!) 10h15 du matin …
L’issue pour moi : rentrer ! Je profite d’un car affrété par la SNCF pour revenir (avec mes collègues ravis de leur matinée également !) à … Saint Etienne ! J’ai bien sûr appelé mes responsables leur disant que je vais poser une journée de congé ! (c’est vrai, je n’y avais pas pensé : j’ai trop de jours de congés et ne savais qu’en faire et  il fait si beau dehors ! …)
Et encore est-on venu me chercher en voiture à Saint Etienne pour remonter sur Feurs car mon périple pouvait encore durer plus de deux heures sinon (et oui, je le rappelle, aujourd’hui, un mouvement de personnel, etc etc …)

Feurs, 12h
Après une matinée constructive où je prends du recul sur tout le travail non accompli au bureau je me console devant une bonne assiette à la cafétéria : mon après midi, j’ai trouvé de quoi l’occuper : je vais écrire ce petit billet…

Derrière ces quelques traits d’humour affichés ici – qu’on ne me dise pas que les français sont râleurs, on peut féliciter la grande majorité des passagers ligériens pour leur grande patience – se cache une colère sourde et des questions…

Tout d’abord, sans vouloir retracer l’historique de ce conflit j’essaie brièvement ici toutefois d’en rappeler avec impartialité les motifs ainsi que les avis de ceux qui le défendent comme de ceux qui le contestent : Un regroupement organisationnel régional permet une indépendance accrue des personnels de St Etienne vis-à-vis de la direction régionale lyonnaise via la création d’un établissement multi métiers. Les opposants à ce projet y voient l’occasion future de filialiser cette nouvelle structure et reprochent le manque de dialogue à leur direction. Les partisans de ce projet soulignent eux la création de 38 postes qui en découle et l’amélioration des conditions de travail

Quoi qu’il en soit certains syndicats comme la CFDT se sont clairement opposés à ce mouvement et ont montré leur solidarité avec les voyageurs.
La CGT a depuis appelé à la reprise du travail, FO et Sud Rail continuant le mouvement.

Comment peut-on admettre que depuis maintenant depuis près de 3 mois, une minorité de cheminots prend en otage, il n’y a pas d’autres mots, une majorité de passagers en proie pour certains à des licenciements à cause de ce conflit?
Je dis bien une minorité de cheminots, et pas tous : je suis là aussi le témoin du professionnalisme et de la compassion avec les voyageurs du plus grand nombre d’entre eux, d’ailleurs en opposition avec leurs collègues …

J’ai toujours été sensible aux revendications très souvent justifiées  des cheminots même si j’ai pu trouver parfois certains modes d’expression assez maladroits : je me souviens d’une discussion courtoise avec un contrôleur lui  conseillant le cas échéant d’exposer leurs arguments dans de petits tracs distribués dans le train ou en gare par exemple.

Ce conflit est impopulaire et incompréhensible !
Une revendication qui ne sait pas rallier à sa cause le plus grand nombre ne peut aboutir…
Un grève justifiée et bien expliquée peut trouver du soutien auprès de la population, mais je suis au regret de dire que celle-ci n’est ni défendable, ni soutenable !

Je ne voudrais pas que ce conflit aboutisse un jour à un drame car les usagers sont à bout…

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