dimanche 26 février 2012

François Bayrou au salon de l’agriculture : « Les agriculteurs, ce n'est pas une clientèle électorale, c'est une pratique, une culture que je connais de l'intérieur »

François Bayrou s’est rendu ce dimanche au salon de l’agriculture, occasion pour lui de rappeler la nature de ses rapports avec le monde agricole :

"Les agriculteurs, ce n'est pas une clientèle électorale, c'est une pratique, une culture que je connais de l'intérieur. Il faut arrêter de prendre ces hommes et ces femmes simplement comme des bulletins de vote" a-t-il dit.

Le candidat centriste à l’élection présidentielle a aussi  rappelé ses origines rurales :
"L'agriculture j'y suis né, j'y ai passé toute ma vie et j'ai voulu rester chef d'exploitation »

"A l'âge de 20 ans, après le décès de mon père agriculteur, je me suis retrouvé à la tête d'une petite exploitation. Il y avait 17 vaches dont il fallait s'occuper. Je sais ce que c'est de faire naître des veaux, de semer, de faner. Je suis dans le monde politique, le seul qui ait, non seulement des racines, mais une vie dans le monde agricole"

Cette visite a été l’occasion pour François Bayrou de rappeler sa « compréhension » des  agriculteurs et a dénoncé les contres vérité qui peuvent être vécues comme des « offenses » :
"Ils vivent deux choses très blessantes. Quand on entend les pouvoirs publics dirent que le revenu agricole a été multiplié par trois ces dernières années, c'est peut-être vrai dans des secteurs privilégiés, mais en réalité, 90% du tissu agricole français n'arrive pas à avoir le Smic"

A long terme, la « ligne directrice » que le président du MoDem s’est  fixé est de rendre au monde agricole la possibilité de "vivre des prix des produits qu'il vend".
"Les agriculteurs ne perçoivent pas des aides mais des compensations", précise t-il. "C'est la politique qui a choisi que les produits agricoles soient vendus à bas prix pour que les consommateurs aient un pouvoir d'achat supérieur. Et donc, il y a la nécessité d'avoir une politique qui à terme fasse que la vérité des prix et des coûts soit le fondement du revenu agricole".

Enfin François Bayrou termine par ces propos : "Car, s'il y a bien un univers dont on est sûr qu'il sera crucial pour l'avenir, c'est évidemment le monde agricole parce qu'il va falloir nourrir l'humanité de 7 puis 9 milliards d'individus et seuls les paysans savent le faire".

samedi 18 février 2012

Le produire français par l’exemple lozérien : Les jeans Tuff’s fabriqués à Florac

Le made in France au pays de mes grands parents …

Des jeans fabriqués en France ? Et oui ca existe et c’est dans les Cévennes, à Florac en Lozère que sont fabriqués ces jeans de la marque « Tuff’s » !

En voilà une belle occasion d’illustrer le « Produire en France » défendu par François Bayrou pendant cette campagne mais aussi de vous faire découvrir une région magnifique qui me tient particulièrement à cœur : la Lozère, pays de mes grands parents maternels, ou je me rends régulièrement depuis mon enfance.




De g. à d. Jean Pierre, Norbert et Jean Jacques

Tuff’s, c’est l’abréviation de Tuffery, nom du créateur de l’atelier, Célestin de son prénom,  en 1892 !
Le flambeau a été repris par le fils puis les petits-fils, Norbert Jean Jacques et Jean Pierre qui assurent actuellement la production des pantalons.

Tuffery, c’est aussi des boutiques de vêtements (où l’on vend bien sûr entre autres les fameux jeans !) à Mende et surtout Florac, connues de tous ceux qui vont régulièrement en Lozère (je me souviens les fréquentant petit déjà avec mes grands-parents, souvenirs, souvenirs…)



Enfin je trouve que le cas Tuffery est représentatif de ces ateliers de confection français ayant été confronté à une concurrence de plus en plus rude puisque faisant appel à de la main d’œuvre délocalisée.
Nous avons ici un cas d’école idéal pour illustrer le retour du « made in France » défendu par François Bayrou.

Un peu d’histoire…
Si la confection de pantalons, sur mesure à l’époque, a commencé en 1892 avec le grand-père, c’est Jean,  le père des trois frères cités plus haut, qui a créé une petite usine de textile qui emploiera jusqu'à 45 ouvrières dans les années 70. C'est à cette période que commence la production de jeans, dès 1965.

D’une production s’élevant jusqu’à 600 jeans par jours (!) la fabrique est passée à une production de 2000 environ par an depuis les années 80, concurrence de la main d’œuvre délocalisée oblige.
L’atelier se trouve maintenant à l’arrière de la boutique de vente de Florac.

La qualité comme marque de fabrique …
La raison du succès des jeans Tuff’s même si ils ne sont plus produits dans les quantités importantes des années 70 est sans conteste leur qualité versus un prix très raisonnable (59 Euros le jean) qui a su fidéliser une clientèle d’abord locale mais de plus en plus étendue.

Norbert et Jean Jacques expliquent très bien par exemple sur leur site internet comment sont cousues les poches réputées introuables! J

La qualité évidente rime avec une activité artisanale uniquement familiale qui dans ce cas particulier permet de maintenir des prix raisonnables : ce qui est assez rare pour être souligné car qualité ne rime pas toujours, bien au contraire, avec prix contenus malheureusement.

Nous pourrions être tentés de croire que la fabrication familiale exempte de coûts salariaux est la raison de ces prix raisonnables mais alors comment expliquer qu’avec 45 ouvrières dans les années 60/70 la qualité était la même pour des prix similaires ?
On voit là alors que les coûts de production et surtout salariaux n’expliquent pas tout !
Politique industrielle ? taxation ? moins d’intérêt pour les métiers de la couture ? Je me suis entretenu avec nos trois frères lozériens pour avoir leur point de vue et envisager pourquoi pas des pistes pour l’avenir…


Mon entretien avec les frères Tuffery…
C’est en m’inscrivant à la course locale dite « du Dolmen » (trail qui fait partie du challenge des vallées cévenoles auquel je participe depuis plusieurs années maintenant), auprès de Jean-Jacques (un des sponsors de l’épreuve) que l’idée d’un entretien sur sa production de jeans et le made in France en général m’est venue…

Vincent Fournigault : Pouvez vous rappeler  l'impact qu'à eu chez vous la délocalisation de la main d'oeuvre chez vos concurents à partir des années 80 ?

Jean-Pierre : La décision de nos donneurs d'ordre de faire appel à des ateliers délocalisés à eu pour conséquence la fermeture de l'atelier et le licenciement de 40 personnes.

VF : Où sont localisés vos fournisseurs et combien sont ils ?
Jean Jacques : Notre fournisseur de tissus est implanté à Paris

VF : Quels auraient dus être les investissements à réaliser pour maintenir la même quantité de production dans vos ateliers ?

JP : Dès lors que nous n'avions plus de donneur d'ordre, il nous aurait fallu vendre nos jeans seuls et pour cela investir dans un réseau commercial, le marketing et la publicité, ce qui bien sûr nous était impossible. Mais il faut tout de même noter que, au niveau de la production elle-même,  nous étions restés compétitifs! Mais malgré tout le prix de revient final d'un jean devenait presque 3 fois inférieur avec la main d'oeuvre délocalisée (rapport entre 30 E et 9 E environ).

VF : La qualité n’aurait pas alors pu justifier des prix plus hauts que la concurrence délocalisée ?

JP: A l'époque il faut reconnaitre que les ateliers délocalisés produisaient des jeans de qualité similaire aux nôtres. On ne peut plus en dire autant maintenant (note: ce qui montre bien d'ailleurs qu'il y a un créneau à prendre!...). En effet, il faut savoir que nos jeans pèsent en moyenne 450g/m² contre 300g/m² pour la concurrence ...
Il y aurait maintenant une réelle valeur ajoutée à produire français! 

VF: Comment expliquez vous cette baisse de qualité dans les jeans actuels?

JP: Les groupes veulent faire plus de marge, les cadences de production ont augmenté et la qualité a baissé en même temps que les quantités de production ont augmenté. De plus, les processus de délavage artificiels ont un coût également alors qu'ils contribuent à dégrader le tissu!

VF : Eprouveriez vous des difficultés à recruter aujourd’hui et si oui pourquoi ?

JJ : Le métier de couturière malheureusement n'attire plus les jeunes installés dans la région  (avec humour nous évoquons les jeunes "alternatifs" de plus en plus nombreux arttirés par la Lozère ...Cela dit Jean-Pierre reconnait que si un reprenneur se donnait les moyens de recruter avec une politique de l'emploi adéquate il y aurait du travail à fournir.)

VF : Comment voyez vous l'avenir de l'attelier "Tuffs"?

JJ, JP et N: Vu notre age avancé (les Tuffery approchent la soixantaine) nous allons commencer à envisager la reprise de notre activité et nous avons déjà des personnes intéressées.

VF: Vos ventes ont elles augmenté depuis que le  "produire français"  s'est installé dans la campagne électorale?

JP: Rien qu'en Janvier nous avons déjà vendu 200 jeans!!
(Ce qui prouve bien qu'il y a une réelle demande mais encore faut il faire connaître les produits fabriqués en France!)
Mes remerciements à Jean Pierre, Jean Jacques et Norbet pour cet entretrien!


Produire en France : Les propositions concrètes made in Bayrou !
Robert Rochefort, ancien directeur du CREDOC et  membre de l’équipe de campagne de François Bayrou explique et confirme ce que nous constatons chez Tuff’s: « De 1980 à 2007, la France a perdu 36% de ses effectifs industriels. Cela représente 1,9 million d’emplois, soit 71 000 par an. Concomitamment, le poids de l’industrie dans le PIB en valeur est passé de 24% à 14%. Cette tendance n’a même pas cessé durant les phases de croissance, le rythme des pertes d’emploi a juste été ralenti. Les services marchands ont certes pris le relais, mais de façon insuffisante au cours de toutes ces années. Leur poids dans le PIB est passé de 45% à 56% en valeur et les effectifs occupés ont quant à eux progressé de 53% ».

Le constat
Robert Rochefort confirme aussi que l’argument de coûts salariaux trop élevés n’est
pas le principal. En réalité, les produits français ne sont pas les mieux adaptés aux besoins. Ils se situent trop souvent dans le milieu de gamme. Pas assez économiques pour le tout venant et de qualité insuffisante pour le très haut de gamme.

« Cela coûte-t-il plus cher ? » ajoute le statisticien ?  « Deux Français sur trois se disent d’accord pour payer jusqu’à 10% plus cher. Bien souvent, les produits fabriqués en France vont coûter plutôt de l’ordre de 20 à 30% plus cher. Mais les produits ne sont pas comparables. Payer plus cher peut être une bonne formule si les produits sont de meilleure qualité. Il faut convaincre les fabricants de jouer la perception du différentiel effectif de qualité ».

Les propositions de François Bayrou pour encourager la production en France :

-         Une stratégie globale de production à long terme (loi cadre, commissariat aux stratégies, etc.)
-         Construire une proximité entre grandes entreprises et les PME/TPE
-         Encourager la qualité, allonger la durée des garanties
-         Des labels clairs et incitatifs
-         S’inscrire dans le retour au principe d’utilité : Plutôt que d’entretenir la surconsommation, il faut accompagner l’évolution vers les services de mise à disposition de biens durables. Cette tendance émergente est surtout perceptible aujourd’hui dans les modes de déplacement : vélib, automobile, covoiturage, électroménager, articles de sports... Cette tendance s’exprime aussi par la revente du produit lorsqu’on n’en a plus l’usage : eBay, Fnac... »
-         Un «Small Business Act» à la française : accès des PME aux marchés publics, aux financements dont elles ont besoin …
-         Relancer la recherche et l’innovation

Les propositions détaillées de François Bayrou sont consultables ici


Pour en savoir plus sur les jeans Tuff’s …
Pour avoir plus de détail sur l’histoire, la conception des jeans et même commander en ligne, rendez vous sur leur site web.


Un peu de tourisme…
Je ne peux que vous encourager à découvrir cette région magnifique si vous ne la connaissiez pas encore…
Baladez vous dans les gorges du Tarn ! - en canoë même si vous le souhaitez ! -  à la découverte de villages typiques comme St Enimie, St Chely du Tarn, découvrez des sites naturels d’exception comme l’Aven Armand, les grottes de Dargilan …
Vous pourrez visiter aussi l’usine d’embouteillage de l’eau de Quézac.


St Chély du Tarn

Les amateurs de courses d’orientation hippiques pourront admirer des purs sangs venus du monde entier participer aux  160 kms de Florac qui partent dorénavant maintenant d’Ispagnac (au passage clin d’œil à mon village familial ;) )…
Et si l’envie vous en prend, laissez votre voiture de côté pour refaire le parcours de Stevenson à dos d’âne !
Plus imposants mais non moins beaux, les loups du Gévaudan et les buffles de Margeride sont à voir aussi …

Pour plus d’informations, vous pouvez consulter ici.

Florac - la source du pécher

Direction du Parc National des Cévènes - Chateau de Florac







mardi 7 février 2012

François Bayrou au 20h de TF1: "Le bateau coule. il est temps de dire: les naufrageurs, dehors!"

En attendant mon enquête "de fond" sur le produire en France via l'exemple lozérien d'une petite fabrique de jeans à Florac, je voulais revenir sur l'intervention de François Bayrou sur TF1 ce soir que vous pouvez retrouver ici.

Il était en effet grand temps de revenir sur le fond alors que ces derniers temps médiatiques sont pollués par les controverses nauséabondes relancées par le ministre de l'intérieur, Claude Guéant, à travers ses propos inacceptables sur la hiérarchie des civilisations!

Propos de Claude Guéant extrêmement choquants
"Les propos que M. Guéant a eus sont extrêmement choquants parce que, quand on appelle à la hiérarchie des civilisations, on appelle en fait à une guerre des civilisations", a fait valoir François Bayrou ce soir.

PS et UMP dos à dos et finalement complices de ces débats stériles
Je me réjouis, mais faut il s'en etonner, que ce soit François Bayrou qui ramène le débat sur les vraies préoccupations des français, alors que le PS même rentre dans le jeu de la surenchère verbale suite aux propos du ministre de l'intérieur, en renvoyant dos à dos PS et UMP : "Le bateau coule. il est temps de dire: les naufrageurs, dehors!" a t'il ajouté.

Les vraies préocupations des français
François Bayrou préfère, lui, rappeler le déficit extérieur de la France (70 milliards de déficit en 2011), critique le soutien d'Angela Merkel à Nicolas Sarkozy, non pas en tant que chef de parti, ce qui serait tout à fait compréhensible, mais en tant que chef d'état au président français candidat : "'il ne peut pas y avoir de candidat officiel de l'Allemagne dans l'élection présidentielle française" précise t'il ...

Les 3 défis à relever
Cette intervention télévisée a été l'occasion pour François Bayrou de rappeler les 3 points clés de son programme: Produire, Instruire, Construire.

Sur l'intruction, François Bayrou a notamment rappelé l'importance de la maîtrise du français dès les petites classes, maîtrise dont dépend l'intégration du futur adulte dans la société.
De même, le candidat centriste a évoqué l'importance pour les élèves de pouvoir faire leur devoir si besoin était au sein de leur établissement scolaire. Enfin la possibilité d'une classe de terminale scientifique ET littéraire à été proposée.

Vous pouvez retrouver ici les 30 propositions de François Bayrou sur l'éducation.