dimanche 29 janvier 2012

Marine Le Pen ou le vote en trompe l’œil ...

Marine Le Pen est donnée troisième dans nombre de sondages. Son succès confirme les bons scores du Front National aux dernières élections locales.
A ce titre j’en profite pour dire ici qu’il serait donc scandaleux qu’elle ne puisse obtenir ses 500 signatures, si toutefois cette difficulté était avérée …

Le numéro de la revue Marianne de la semaine dernière consacre un article très intéressant sur les électeurs du Front National. « Beaucoup des futurs électeurs de Marine Le Pen mettent en avant une difficulté croissante de vie, pour eux, leurs enfants, un écœurement face à l’argent qui leur manque quand d’autres en font un étalage obscène » nous dit le magazine.

Tiens, hier encore je parlais du cas Forez Fourme et de la crise du secteur laitier : certains agriculteurs nous dit le magazine sont tentés par le vote FN « Pour Florent » ajoute le magasine « tout a basculé avec la crise du lait » et la tentation qu’il en découle de dénoncer une Europe qui oppresse selon certains.

A l’insécurité physique, réelle ou fantasmée, s’ajoute l’insécurité financière liée à la crise.
C’est pourquoi la présidente du FN se drape dans des atours sociaux alors même que son père aux thèses très libérales et anti fonctionnaire posait à côté de Ronald Reagan dans les années 80 !

Oui une partie de l’électorat lepeniste est raciste mais il est faux de dire que l’ensemble de ceux prêts à glisser le bulletin Marine le soient tous, loin de la !
Une dame pro Le Pen précise « Aux Tarterêts et aux Pyramides il n’y a que des immigrés » et précise pourtant après « A côté on a des voisins tunisiens et ils sont adorables »…

J’ai toujours dénoncé le Front National et la dangerosité de ce parti, qui voit en l’immigré la source de tous les maux, l’Europe avec.

Mais il est faux de prétendre s’opposer à lui en traitant bêtement ses représentants et électeurs de fascistes, racistes sans vouloir comprendre ce qui pousse ces derniers à soutenir l’extrême droite.
La meilleure preuve en est que pour reconquérir son électorat Marine le Pen s’acharne à vouloir gommer la présence tout au moins en apparence de ses éléments les plus extrêmes quitte à en exclure certains.

Et pourtant les arguments à opposer au vote Le Pen sont si nombreux…
Parler de son programme économique ridicule et incohérent ? (voyez à ce propos ici cet entretien avec Marine Le Pen, excellemment conduit sur canal + par Anne Sophie Lapix).
Oui cela peut être utile mais loin d’être suffisant…

En effet, j’ai peur que la preuve par A+B de l’incohérence de son programme laisse encore dubitatif nombre d’électeurs potentiels dont la motivation est plus profonde, basée sur un raz le bol général qui ne permette plus d’entendre des raisonnements pourtant cohérents et construits…

Pour toucher ces personnes, il me semble devoir leur parler d’une part avec respect, d’autre part avec simplicité de l’incohérence de leur démarche…
Comme je le précisais lors de l’ouverture de ce blog, j’ai voulu ce dernier ouvert à toutes les sensibilités d’où qu’elles viennent. Aussi je me permets d’adresser ce message à  tous ceux qui me liront qui pourraient être tentés par le vote Le Pen… Je leur dit ceci:

Voter Marine Le Pen, c’est renforcer le système qu’elle dénonce : Si Marine Le Pen conserve (encore ?)  des chances non négligeables d’être au second tour en Mai prochain, elle ne sera par contre jamais élue !
Pire pour elle et surtout ses électeurs : ils renforceront le système « UMPS » qu’ils dénoncent ainsi que la bipolarisation de la vie politique française !
Du coup les partis minoritaires ne seront jamais représentés à l’assemblée, le FN en premier lieu, ni le PS ni l’UMP n’ayant intérêt à instaurer une part de proportionnelle aux élections législatives !

Voter Marine Le Pen, c’est voter pour un parti qui change de ligne tous les 5 ans, voire moins !
Comme je le rappelais tout à l’heure, Jean Marie Le Pen développait des thèses très libérales dans les années 80/90. Aujourd’hui Marine Le Pen se découvre une fibre sociale, il faut savoir !
Comment faire confiance à une personne qui change de ligne politique au fil du temps et joue au caméléon pour s’adapter aux couleurs du climat social du moment ?

Voter Marine Le Pen c’est voter pour l’explosion de notre dette puisque la candidate frontiste veut le retour au Franc…
Notre dette libellée en monnaie forte, sera désastreuse en monnaie faible…

Alors oui ! j’ose !! …. j’ose vous suggérer de voter François Bayrou !

Voila quelqu’un qui critique le système mais qui a la différence de Marine Le Pen veut le modifier en profondeur plutôt que de le briser !

François Bayrou présent au deuxième tour est le candidat qui a le plus de chances d’être élu ! : même si je me méfie des sondages force est de le constater, et ce même si devait être opposé à François Hollande et que l’écart devait être faible…

François Bayrou est pour une part de proportionnelle aux élections législatives.
Il est anormal effectivement qu’un parti comme le Front National ne puisse avoir de représentants au parlement !
Les partis satellites de l’UMP et du PS, eux, auront toujours des représentants du fait de leurs accords !
Ce n’est pas le choix du Modem et reconnaissons le du Front National également.

Voila quelqu’un qui n’a de cesse de dire que ce n’est qu’en restant unis que nous pouvons réussir : « Un pays uni, rien ne lui résiste ! » tel est son slogan de campagne.

François Bayrou fixe sa priorité sur Produire, Construire, Instruire…
Le rejet de l’autre est un leurre…Et n’y a  il pas mieux comme sentiment d’identité nationale que de redevenir maitre de notre production de nos institutions  et éducation au point qu’elles deviennent un modèle en Europe voir au delà ?

François Bayrou est pour une Europe qui protège, pas une Europe qui impose ! Le sentiment anti européen est malheureusement parfois compréhensible mais nous n’y trompons pas : La construction européenne est indispensable pour notre stabilité politique et économique !
A nous de mettre à la tête de nos états des dirigeants qui inspirent enfin une politique européenne qui ne soit plus ultra libérale…(cf. les propos de François Bayrou sur la fin des quotas laitiers par ex. dans mon précédent article sur Forez Fourme)

Je reviendrai bien sur ultérieurement sur les idées fortes du programme de François Bayrou…


Marine Le Pen, un vote en trompe l'oeil, et bientôt le Produire français par l'exemple lozérien ...

Bientôt en ligne un article illustrant le produire français à travers l’exemple de la marque « Tuffery » qui produit ses jeans dans une région qui m’est chère : la Lozère, à Florac.

En attendant cet article à venir donc, je vous propose un billet d’humeur sur la candidate frontiste Marine Le Pen et plus particulièrement sur ceux qui seraient prêts à voter pour elle…

mercredi 25 janvier 2012

Forez Fourme, suite: la manifestation

Ma RTT posé pour l’après midi, me voila parti pour Montbrison afin de me rendre à la manifestation prévue ce mercredi 25 janvier à 14 heures, ainsi que je vous l’annonçais dans mon dernier billet.

Après être passé devant les dizaines de tracteurs venus marquer la présence des producteurs de lait, je me retrouve devant une foule constituée d’une centaine de personnes rassemblées devant la sous préfecture.

Ambiance calme voire familiale malgré le ton grave perçu chez les agriculteurs venus pour certains en famille.

Juste avant mon arrivée, les délégations syndicales viennent de rentrer pour négocier avec les représentants d’état, l’occasion pour moi en les attendant de parler à droite et à gauche avec certains producteurs et de mesurer leur inquiétude.





C’est vers 15h30 que la délégation ressort et présente à la foule rassemblée le résultat des négociations entreprises auprès des officiels.

Une fois rappelé le contexte et les difficultés des négociations précédentes, tant avec les instances locales qu’avec les groupes Lactalis et Soodial, la délégation évoque les avancées obtenues ce jour :

-         Nomination et prise en charge par l’état d’une personne, issue de l’ex URCL, charger d’aider les producteurs de lait à gérer la collecte de lait, tache qui prend beaucoup de temps aux agriculteurs qui n’ont pas forcément été formés à cela.
-         Obtention d’un rendez vous auprès du directeur de cabinet du ministre afin de trouver en amont des solutions pérennes.

Parmi les pistes de solutions possible, est évoquée notamment la négociation entre l’état et les groupes Lactlalis et Soodial d’une prise en charge des 10 millions de litres de lait en échange de la mise en place d’une procédure d'attribution d'une indemnité à l'abandon total ou partiel de la production laitière (ACAL) : les groupes laitiers se verraient alors encouragés à accepter tout ou partie des 10 millions de litres de lait des 72 producteurs en difficulté  en obtenant la garantie que le volume de lait global produit ne varierait pas. Ceci implique un effort solidaire d’une partie des autres producteurs de lait qui devraient alors restreindre leur  production au détriment d’une autre activité agricole.
Il a même été évoqué qu’une part de ces indemnités puisse être versée aux groupes laitiers eux même pour qu’ils acceptent le plan.


Je trouve cette solidarité remarquable mais suis consterné de voir que l’effort porte encore et toujours sur les producteurs même si je peux comprendre que les groupes laitiers, implantés sur l’ensemble de la région, ne veulent créer une jurisprudence qui les verraient devoir accepter toute demande similaire et ainsi voir le volume de lait acheté croitre dangereusement.

samedi 21 janvier 2012

Forez Fourme: pour comprendre et envisager l'avenir...

C’est un sujet douloureux que j’aborde avec vous aujourd’hui: la mise en liquidation judiciaire de l’entreprise Forez Fourme, qui devra cesser son activité le 31 janvier prochain.

Je veux tout d’abord apporter mon soutien aux 19 salariés de cette entreprise ainsi qu’aux 72 producteurs de lait inquiets pour leur avenir.

Forez Fourme est emblématique de notre région et de notre savoir faire puisqu’elle est l’une des deux dernières entités à produire la fourme de Montbrison AOC : le cas de cette entreprise ne peut laisser indifférent celui qui comme moi défend le « produire  Français » prôné par François Bayrou que je soutiens.

Des articles ont déjà été rédigés dans la presse, mon but ici n’est donc pas de les paraphraser mais plutôt de vous faire partager mon analyse. Ceci a été pour moi l’occasion de questionner des responsables syndicaux sur les raisons des difficultés rencontrées par Forez Fourme et d’évoquer les solutions.

Un peu d’histoire avant tout…
Forez Fourme est une des sociétés forézienne, crée en 1931, qui fabrique la fourme de Montbrison, sous la marque « Tarit » (Appellation d’origine protégée). Elle emploie 19 salariés et était implantée sur deux sites : un à Sauvain et l’autre à Saint Bonnet le Courreau.
Après avoir appartenu à plusieurs familles successives, elle a été cédée à l’Union régionale des coopératives de vente de lait (URCVL). Cette dernière regroupait 19 coopératives de collecte de lait, dont celle des Monts du Forez, qui comprend les 72 producteurs qui fournissent à Forez Fourme 10 millions de litres de lait par an dont 60% revendus en Italie, les 40% restants transformés sur place en fromage.
Après le démantèlement de l’URCVL, Forez Fourme a été reprise par M. J.P Durris en Juillet 2010. Les efforts remarquables et reconnus de ce dernier qui avait pourtant investi et décroché un contrat important avec le réseau des Leclerc, n’ont malheureusement pas évité la décision de mise en liquidation judiciaire du tribunal de commerce de Saint Etienne.

Un marché local en baisse, une concurrence forte et la fin des quotas laitiers…
Les difficultés qui ont amené à cette situation, sont multiples : la consommation de fromage bleu est en baisse en France, la consommation de fourme de Montbrison est très localisée à notre région.
Autre point notable, depuis 2003, la fin du système des quotas laitiers, accompagné d’une hausse des volumes, a marginalisé les coopératives trop spécialisées sur la seule collecte et revente de lait brut. Les laiteries et surtout les grands groupes se sont désengagés des contrats avec l’URCVL, ce qui a amené celle-ci à disparaitre.
Le contrat avec les établissements Leclerc a été plus long à développer et les volumes vendus ont été moins important que prévu.

Forez Fourme, pénalisée par son activité de distribution …
Forez Fourme, a aussi subit le manque de réseau commercial pour se développer, ceci aussi bien sous la gestion URCVL que sous la direction de Mr DURIS.
D’autres coopératives comme Sodiaal, qui ont fait le choix il y a 30 ans de devenir transformateur, (Yoplait, candia,..) ont mieux su tirer leur épingle du jeu.
Les investissements entrepris par M Durris et les marchés conclus avec de grandes chaines de distribution n’ont ainsi pas suffi.

Des négociations engagées entre la FDSEA et les groupes Lactalis et Soodial…
Faute de nouveau repreneur, des négociations se sont engagées par l’intermédiaire des responsables de la FDSEA, entre la coopérative des Monts du Forez, d’une part et les groupes Lactalis et Sodiaal, d’autre part. Malgré de nombreuses rencontres, officielles ou officieuses, à l’interprofession, chez la Préfète, la DDT, … aucune solution durable n’a pu aboutir. Depuis début Janvier, le lait est expédié en Italie, sur un marché « spot », a défaut d’autres solutions. Ceci implique des difficultés de gestion au quotidien, qui ne peut constituer une solution à long terme.
Les collectivités locales sont bien intervenues dans la mesure du possible, notamment le Conseil général, avec une enveloppe de 150 000 €,  mais leur aide est loin de couvrir toutes les pertes déjà enregistrées.

Depuis plusieurs semaines, devant l’urgence de trouver une solution, car le risque est l’arrêt de collecte à court terme, les organisations syndicales, FDSEA et Jeunes Agriculteurs, ont décidé de frapper un grand coup, en organisant une manifestation ce Mercredi 25 Janvier à 14 heures devant la sous préfecture de Montbrison (arrivée des tracteurs à partir de midi) .  Il s’agira, devant la sous-préfecture, de mettre tout le monde face à ses responsabilités, aussi bien les autres acteurs de la filière laitière que les Pouvoirs publics.

Les leçons à tirer pour l’avenir et des pistes de réflexion …
L’agriculture se marie mal avec l’ultra libéralisme, chaque région a ses spécificités et beaucoup d’investissements sont à faire, notamment en élevage, amplifiés ces dernières années par les mises aux normes des bâtiments pour se mettre en conformité avec les règles environnementales.
Je partage ce constat et me désole à titre personnel de la politique européenne  très libérale menée dans les années 2000 à 2005, ayant conduit à la suppression des quotas laitiers.
J’ajoute aussi que même si le marché s’est restreint, il existe malgré tout – plus de 400 tonnes de fromage ne sont elles pas encore produites ? - et il serait impensable qu’il ne puisse pas être absorbé et même étendu par les industries locales existantes.
Enfin, oui les pouvoirs publics doivent assumer leur responsabilité et l’état doit assurer sa mission régalienne en favorisant les négociations, par exemple en donnant des garanties aux repreneurs potentiels.

François Bayrou réagissait déjà, en juillet 2009 …
En Juillet 2009, suite aux déclarations de Bruno Lemaire, ministre de l’agriculture, reculant sur la position française jusque-là acquise de défense des quotas laitiers, François Bayrou réagissait en estimant que la position du ministre sur les quotas laitiers s'apparentait à "une retraite en rase campagne" trahissant les "engagements répétés" du gouvernement. François Bayrou ajoutait : "L'annonce par le nouveau ministre de l'Agriculture de l'abandon par le gouvernement français de la défense des quotas laitiers est une retraite en rase campagne contraire aux engagements répétés notamment pendant la campagne européenne ».  "Les quotas laitiers ont permis pendant trente ans de maintenir des petites exploitations d'élevage sur l'ensemble du territoire national particulièrement dans les zones difficiles", a-t-il rappelé. "De nombreux assauts ont été menés contre cette politique des quotas laitiers par les pays qui voient d'un bon œil l'industrialisation de l'agriculture et la multiplication des usines à lait. Au moins, la France avait-elle toujours défendu ce principe et a réussi à faire reculer ces orientations néfastes", avait encore déclaré François Bayrou.
"Aujourd'hui en quelques mots tout ce travail est ruiné alors même que la parole du gouvernement était engagée auprès des agriculteurs et des éleveurs. Il y a les signes de l'abandon d'une certaine idée de la politique agricole européenne et française", avait-il conclu.

Quelques pistes : Veille stratégique, politique européenne et promotion des produits locaux
C’est ici l’occasion de pointer l’importance de la veille stratégique et économique pour les entreprises, afin que celles-ci puissent anticiper au mieux les décisions politiques, nationales comme européennes si importantes pour leur avenir.
Mais bien sûr il convient par ailleurs d’avoir des relais efficaces au sein même des endroits où se prennent les décisions qui engagent la vie des exploitants et industriels laitiers.
Les élections européennes sont à ce titre le meilleur moyen de choisir ceux qui représentent le mieux nos intérêts agricoles.
Il est, au passage dommage de constater le peu d’intérêt que suscitent ces élections chez une majorité de nos concitoyens !

Enfin, il faut souligner l’importance que revêt la promotion des produits locaux aussi bien par les producteurs que les réseaux distributeurs, autant localement que nationalement et pourquoi pas mondialement : après tout, la majorité des ventes du Roquefort n’est elle pas faite aux Etats-Unis ?

Le produire en France c’est aussi ça : faire savoir que nous savons fabriquer des produits de qualité !




mardi 17 janvier 2012

Saint Etienne – Grève SNCF: un conflit qui use…

Feurs, Mardi, 7h00 du matin…
De justesse (comme souvent je l’avoue !) je prends mon train à Feurs pour me rendre au travail à Lyon Part Dieu, via la gare de Saint Etienne Chateaucreux.
Cela fait déjà plus de deux mois que je jongle avec les grilles horaires provisoires (un provisoire qui dure !), conflit opposant certains conducteurs de Saint Etienne avec leur direction oblige !
Avec des collègues rencontrés en gare stéphanoise pendant ma correspondance, nous nous amusons du message transmis par le haut parleur indiquant que « aujourd’hui, suite à un mouvement de personnel, etc etc … » …message qui amuse ou irrite selon car là aussi le « aujourd’hui » dure un peu… (Je suis sûr qu’ici certains qui  me lisent et qui vivent la même situation tous les jours souriront !)
Le train de 7h50 pour Lyon, déjà bien rempli dès Saint Etienne comme tous les jours – le suivant n’est qu’une heure après il ne faut donc pas le louper ! -  part et nous voila arrivés à Rive de Gier.

Rive de Gier, 8h15 du matin…
Le contrôleur nous annonce que le train restera à quai pendant une durée indéterminée du fait d’une manifestation sur les voies à Givors ! Nous apprenons peu après qu’il s’agit en fait cette fois de clients, mécontents de ne pouvoir monter dans le train qui nous précède car déjà bondé,  qui expriment leur désagrément !
Et oui, un trafic réduit sur cette ligne se sent immédiatement  et je suis témoin pour l’avoir vécu à de multiples reprises qu’il est difficile pour les clients en bout de ligne de monter dans le train et quand bien même il y arrivent ils finissent le trajet debout et entassés!
La situation m’agace mais comment ne pas comprendre ces voyageurs excédés qui paient pourtant leurs abonnements?
Nous allons ainsi rester près de deux heures attendant que la situation veuille bien trouver une issue…

Rive de Gier (toujours !!) 10h15 du matin …
L’issue pour moi : rentrer ! Je profite d’un car affrété par la SNCF pour revenir (avec mes collègues ravis de leur matinée également !) à … Saint Etienne ! J’ai bien sûr appelé mes responsables leur disant que je vais poser une journée de congé ! (c’est vrai, je n’y avais pas pensé : j’ai trop de jours de congés et ne savais qu’en faire et  il fait si beau dehors ! …)
Et encore est-on venu me chercher en voiture à Saint Etienne pour remonter sur Feurs car mon périple pouvait encore durer plus de deux heures sinon (et oui, je le rappelle, aujourd’hui, un mouvement de personnel, etc etc …)

Feurs, 12h
Après une matinée constructive où je prends du recul sur tout le travail non accompli au bureau je me console devant une bonne assiette à la cafétéria : mon après midi, j’ai trouvé de quoi l’occuper : je vais écrire ce petit billet…

Derrière ces quelques traits d’humour affichés ici – qu’on ne me dise pas que les français sont râleurs, on peut féliciter la grande majorité des passagers ligériens pour leur grande patience – se cache une colère sourde et des questions…

Tout d’abord, sans vouloir retracer l’historique de ce conflit j’essaie brièvement ici toutefois d’en rappeler avec impartialité les motifs ainsi que les avis de ceux qui le défendent comme de ceux qui le contestent : Un regroupement organisationnel régional permet une indépendance accrue des personnels de St Etienne vis-à-vis de la direction régionale lyonnaise via la création d’un établissement multi métiers. Les opposants à ce projet y voient l’occasion future de filialiser cette nouvelle structure et reprochent le manque de dialogue à leur direction. Les partisans de ce projet soulignent eux la création de 38 postes qui en découle et l’amélioration des conditions de travail

Quoi qu’il en soit certains syndicats comme la CFDT se sont clairement opposés à ce mouvement et ont montré leur solidarité avec les voyageurs.
La CGT a depuis appelé à la reprise du travail, FO et Sud Rail continuant le mouvement.

Comment peut-on admettre que depuis maintenant depuis près de 3 mois, une minorité de cheminots prend en otage, il n’y a pas d’autres mots, une majorité de passagers en proie pour certains à des licenciements à cause de ce conflit?
Je dis bien une minorité de cheminots, et pas tous : je suis là aussi le témoin du professionnalisme et de la compassion avec les voyageurs du plus grand nombre d’entre eux, d’ailleurs en opposition avec leurs collègues …

J’ai toujours été sensible aux revendications très souvent justifiées  des cheminots même si j’ai pu trouver parfois certains modes d’expression assez maladroits : je me souviens d’une discussion courtoise avec un contrôleur lui  conseillant le cas échéant d’exposer leurs arguments dans de petits tracs distribués dans le train ou en gare par exemple.

Ce conflit est impopulaire et incompréhensible !
Une revendication qui ne sait pas rallier à sa cause le plus grand nombre ne peut aboutir…
Un grève justifiée et bien expliquée peut trouver du soutien auprès de la population, mais je suis au regret de dire que celle-ci n’est ni défendable, ni soutenable !

Je ne voudrais pas que ce conflit aboutisse un jour à un drame car les usagers sont à bout…

Un grève qui dure, une entreprise en difficulté, deux sujets brûlants pour commencer ...

Je tenais à ce que mes premières  réflexions « démocrates » concernent des sujets locaux…
Ainsi, très prochainement vous allez pouvoir lire le résultat d’une enquête que j’ai réalisée au sujet de la société Forez Fourme en liquidation judiciaire…

En attendant, vous trouverez ce billet d’humeur au sujet d’un autre sujet sensible : le  conflit qui oppose depuis maintenant plus de deux mois certains conducteurs de trains stéphanois à leur direction et qui touche directement des milliers de ligériens (entre autres!) qui voyagent par le rail tous les jours.
A ce titre « bénéficiant » de la double peine puisque empruntant à la fois la ligne desservant Roanne à St Etienne puis Saint Etienne à Lyon, un tel sujet ne pouvait m’échapper !